Une journée de travail dans un centre médical

Chaque année depuis 6 ans (ou presque cf congés maternité), je remplace une collègue au centre Annie Enia à Cambo les bains durant ses 3 semaines de vacances en été. Les journées de travail sont le lundi, mercredi et vendredi.

En quoi consiste notre travail au sein d’un centre médical ? Evidemment chaque hôpital/chaque structure à un mode de fonctionnement différent, mais néanmoins cela vous donnera une bonne idée ! Je vais présenter ce travail en essayant de partir sur une journée « type », bien que chaque journée soit différente ! Il y a quand même une trame de fond !

Le centre Annie Enia à Cambo c’est ? Un établissement est spécialisé dans la prise en charge des affections respiratoires (RAR), des affections oncologiques et des soins palliatifs (USP). Il y a en moyenne 60 patients répartis sur 3 secteurs : le secteur USP en rez de chaussée, le service ONCO au 1er étage, le service RAR au 2ème étage (de manière simplifiée). Des équipes pluridisciplinaires : médecins, infirmières (IDE), aide soignante (ASH), kiné, psychologue, assistante sociale, cuisinières/responsable cuisine, et bien sur femmes de ménages, secrétaires, services techniques, services administratifs.

Quels sont les régimes souvent prescrits ?  (nb : un régime n’a pas du tout le sens vu par le grand public, c’est un type d’alimentation pour une raison médicale) Régime HP (hyper protéiné) non pas pour perdre du poids au contraire pour renutrir le patient. Régime HC (hypercalorique). Régime diabétique. Régime chimio. Régime pauvre en sel. Régime pauvre en fibres.

Quels sont les principales difficultés des patients (d’un point de vue diététique) ? La perte d’appétit, la perte de poids notamment pour les patients en chimio du fait des nausées. Notre rôle est donc de les aider à faire les bons choix sur les menus, de concentrer l’énergie, de proposer des repas froids (apprécié lorsque les patients ont des nausées).

Les difficultés pour manger selon la texture (suite opération œsophage par ex) : texture normale, texture viande hachée, texture mixée lisse.

Notre lien avec les médecins ? Ce sont eux les prescripteurs des régimes (et des textures) ainsi que des CNO (compléments nutritionnels oraux). Si on constate un changement intéressant pour le patient, on doit les appeler pour qu’ils en fassent la prescription.

Ma journée type

9h : arrivée au bureau, je me change pour passer en tenue « blouse blanche » puis  j’allume l’ordinateur. J’ouvre mes mails, et je lance le logiciel. Sur cette interface je vais retrouver beaucoup d’informations. En 1er je regarde les prescriptions faites par les médecins pour les régimes. Chaque matin c’est un peu le roulement de tambours, combien de prescriptions sont tombées pendant mon absence …. Je vois le chiffre qui s’affiche … 19 ! Oula, puis je clique dessus pour avoir le détail, heureusement certaines sont parfois en doublons, il y a également les alertes pour les patients en isolement médical pour cause de BMR (bactéries multi-résistantes).

9H10 : je prends note de toutes les prescriptions du jour, des patients à voir. J’imprime la liste des patients présents, je vais au secrétariat récupérer la feuille + courrier dans la « clayette ».

9H15 : Direction les frigos d’USP et d’oncologie, surtout ne jamais partir sans le téléphone qui nous permet de communiquer entre nous (infirmières, médecins, cuisine etc…). Il peut sonner à tout moment. Ces frigos ont été mis en place lors du covid afin d’y mettre des desserts type fromage blanc, crème dessert, compote etc (restrusturation des menus en cuisine de faite lors du covid, je vous épargne ces détails).. à disposition des patients afin de répondre au mieux à leurs envies de manger. Je dois donc contrôler les stocks, vérifier la température et indiquer en cuisine si il faut envoyer ou non d’autres desserts. Pour cela je retourne au bureau et j’envoie un mail.

9H30 : Staff d’oncologie (en théorie à 9H30…). C’est une réunion avec les médecins, IDE, ASH, kiné afin de discuter des 10-15 patients du service d’oncologie (ceux pour qui je travaille le plus). C’est là qu’on me dit « lui il faut que tu aille le voir il ne mange plus depuis sa chimio d’hier » etc… Donc en plus des prescriptions de tombées le matin, se rajoutent ces patients à voir/revoir etc…

10h : environ, c’est parti pour faire le point avec les patients (je monte, je descends les étages, parfois je vais en cuisine), faire le bilan des nouveaux entrants (si prescription), entre temps le téléphone peut sonner pour une demande dans un autre service etc.. On va voir les patients pour adapter au mieux les menus (on a les feuilles de menus sur papier et on rentre tout dans l’ordi après), mettre en place des repas froids, changer les textures, les faire évoluer, diminuer les quantités, les augmenter… On doit faire le point sur les menus de la semaine mais aussi faire ceux de la semaine suivante. C’est sans cesse une course contre la montre pour que les cuisines puissent avoir les infos à temps (pour les commandes et la préparation).

J’ai oublié de dire que parfois on joue à « cache cache » avec les patients car c’est une vraie fourmilière le matin, toutes les professions s’activent et on a tous « nos » patients à voir (kiné, assistante sociale, psychologue, médecin, IDE et aussi les femmes de ménage). Les patients eux sont parfois dans le parc, en salle kinés (pour les plus en forme), parfois aussi en rdv médical à l’extérieur (IRM, radio, chimio, rayons, rdv spécialiste…). Parfois on doit voir un patient et on passe 3 fois avant de le trouver ! Il y a aussi les patients qui dorment et j’avoue ne pas oser les réveiller.

11H30 : c’est l’heure de faire le point sur l’ordinateur, tous les comptes rendus à taper. Les patients sont servis en chambre pour leur repas donc on ne les visite plus à ce moment là.

11H45 : le vendredi il y a le staff du service RAR, il est obligatoire (c’est le staff hebdomadaire), celui du matin en onco ne l’est pas. Idem on fait le point sur les patients, on discute des patients qui pose le plus de souci etc…

12H30 : pause du midi, ouf j’ai bien faim

13H30 : fin de la pause, à cette heure là je finis les comptes rendus, je travaille sur les menus des semaines à venir, seule ou avec la responsable des cuisines. Je décline aussi les menus pour certaines pathologies : diabétique, pauvres en fibres, pauvre en sel. Je ne vais pas voir les patients trop tôt car ils font souvent la sieste.

14H30 : c’est parti, je retourne dans les étages pour terminer tous les patients du jour. Je vois en moyenne 10 patients par jour (20 min-30 min par patient). Ça parait peu mais tout prend vraiment du temps (transmettre en cuisine les feuilles, appeler les cuisine pour tel patient savoir ce qui est possible de faire, appeler les médecins pour discuter d’un cas, taper les comptes rendus…).

16H30 : il est temps de taper à nouveau les comptes rendus, de faire le PMSI (= codage de notre activité pour voir si on travaille assez^^). C’est également le moment de faire le point sur les entrées/sorties (et parfois décès des patients, cela me peinera toujours). D’archiver des dossiers. Beaucoup de papiers à imprimer, mettre à l’accueil. D’inscrire les patients aux ateliers de la semaine suivante.

C’est parfois l’heure où des nouvelles prescriptions arrivent, aie aie aie, j’appelle parfois les médecins poru savoir si c’est urgent où si ça peut attendre 2 jours (on est là 1 jour sur 2).

NB : le vendredi il y a aussi un atelier d’une heure que j’anime avec les patients sur l’alimentation. A nouveau ça rajoute ce temps là d’atelier, de mise en place, de rangement, et bien sûr de rentrer le compte rendu de l’atelier sur l’ordi !

17H30 : fin de journée, j’espère toujours n’avoir rien oublié, je suis lessivée, j’ai couru dans tous les service ! En plus avec le masque, on a très chaud et soif !

NB : le dernier jour je dois préparer un fichier pour ma collègue de transmission afin de l’aider au mieux dans sa reprise (cette année avec + de 30 patients à suivre cela m’a pris 1H30 !). C’est très dur le 1er jour car on ne connait pas les patients à prendre en charge et d’un coup pouf on est dans le bain !

Je remercie ma collègue qui me fait confiance chaque année, j’apprécie beaucoup travailler dans le centre, de voir une autre facette de mon métier qui consiste plutôt à renutrir les patients, a leur faire prendre du poids pour qu’ils aillent mieux.

Et bravo à vous si vous avez été au bout de l’article !

 

Claire Marzin